Nous avons préparé cette entrevue et soigné nos questions en recherchant dans divers documents et en consultant des reportages télévisés.
Cette rencontre fut un moment d'échange magnifique, de respect, de dialogue, d'écoute et d’émotion certaine de part et d’autre des interlocuteurs. Le plus beau remerciement fut sans doute cette petite phrase glissée dans l’oreille de notre invité : « C’était vraiment passionnant, monsieur ! »
Une chose est sûre un tel témoignage laissera des traces dans les coeurs.
Voici un petit condensé des échanges entre les différents protagonistes:
- Où dormiez-vous ?
Je dormais sous la charrette de mes chevaux et parfois dans la paille ou sur le sol.
- Avez – vous vu vos copains mourir ?
Oui et ce n’était pas agréable du tout !
- Qu’est-ce qui vous a choqué le plus ?
Un jour, en sortant de Renaix, j’ai vu des traces de sang car il y avait eu un grand combat et j’ai alors vu un horrible spectacle, un soldat était encore sur son vélo mais il avait perdu la moitié de la tête. Ce n’était pas beau à voir !
- Avez-vous combattu ?
Oui, mais je n’ai pas tué de personne. J’ai essayé d’éviter les combats mais parfois j’étais obligé, je devais me défendre.
- Aviez-vous eu peur ?
Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur
- Aviez-vous été en prison ? Si oui, comment il vous traitiez ?
Oui, j’étais à la prison de Tournai et j’ai réussi à m’échapper. On était neuf à vouloir s’échapper, on est passé par un soupirail et malheureusement, les surveillants nous ont vus et ils ont tiré sur mes camarades. J’ai réussi à regagner ma cellule et à me cacher sous les draps car j’étais sale et les surveillants sont venus faire l’appel.
- Où vivais-tu pendant la guerre ?
Je suis resté dans la région.
- Est-ce que vos copains étaient avec vous ?
Oui, même que j’en ai vu souffrir.
- Comment était votre cellule dans la prison ?
Dans notre chambre, il y avait des lits superposés
- Aviez-vous beaucoup de moment de plaisir ?
Non, personne ne s’est amusé à cette période à cause des tirs et des morts.
- Avez-vous déjà été touché ?
Non, heureusement. J’ai seulement reçu un coup de pied de cheval.
Quand je devais éviter les coups de feu, je sautais entre mes chevaux sur le timon de la charrette.
- A quel poste étiez-vous ?
J’étais seulement soldat.
- Y avait-il des lancers de bombes ?
Oui.
- Comment fabriquiez-vous des tranchées ?
On creusait couché sinon on se faisait fusiller. On employait une petite pelle ou nos mains.
- Quel fusil utilisiez-vous ?
J’avais une arme avec seulement cinq cartouches.
- Comment avez-vous fait pour survivre à cette guerre ?
Je me suis caché dans les fossés.
- Quel âge avez-vous maintenant ?
92 ans je suis quand même un vieux bonhomme.
- Saviez-vous dormir ?
Oui, mais pas très bien parfois je dormais en dessous de ma charrette avec mes chevaux.
- Comment vous soigniez-vous ?
- J’ai eu la chance de ne pas être malade.
- Quel âge aviez-vous durant la guerre ?
J’avais 22 ans.
- Que mangiez-vous pendant la guerre ?
Du pain et des produits de la ferme. Au village, c’était plus facile qu’en ville. Quand j’étais prisonnier, tous les deux jours, je recevais un croûton.
- Etes-vous déjà allé dans un char ?
Non.
- Combien de personnes étiez-vous ?
On formait des groupes d’une dizaine de personnes, un régiment.
- Y avait-il une alarme pour les bombes ?
Il y avait des alarmes dans les abris.
- Alliez-vous encore à l’école ?
Après la guerre 14-18 oui.
- Comment étiez-vous habillé ?
J’étais habillé en soldat, l’uniforme de Belgique.
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